La pantoufle

AlbumNov 10 / 201713 songs, 37m 14s
French Pop Psychedelic Pop

On connaissait Emile Sornin le fils, l’élève, celui qui reconnaissait ses pères parmi les pionniers de la pop baroque, progressive et psychédélique, celui qui trouvait en Aquaserge des grands frères de cœur et d’esthétique, auteur en solitaire (ou presque) de la « belle ouvrage rétromaniaque » (dixit The Drone) Rhapsode en 2014. Passé par le grunge, le metal, le garage, la pop émo, le chiptune, le hip hop, il avait longtemps cherché, brassé, diggé, remontant aux sources avec le sérieux du jeune homme en quête de territoires à occuper. On retrouve Emile Sornin le (jeune) père, l’artiste adoubé, homme-studio conscient de ses influences essentielles (les BO du cinéma 70’s français - Philippe Sarde, François De Roubaix, Francis Lai – plutôt que celles du giallo italien, les pionniers synthétiques Wendy Carlos ou Mort Garson, la library music façon Patrice Sciortino, Claude Vasori et Roger Roger), capitaine d’un groupe de scène aussi dense que soudé. Exit les clips alimentaires, fussent-ils prestigieux (transformer Dizzee Rascal en pirate du XVIIIème siècle, ce n’est pas rien), place au musicien qui cherche, qui creuse, qui crée. Celui que Sebastian a appelé au chevet du prochain album et de la tournée conséquente de Charlotte Gainsbourg (scoop). Celui qui vient de mettre au monde La Pantoufle. D’une rive à l’autre, Emile Sornin a fait entrer dans sa musique l’humour et l’autodérision qu’il n’osait autrefois assumer. Il a quitté l’anglais pour explorer de biais sa langue natale, celle qui dit « ça lance », « ça m’est égal » et « c’est pas si dégueu ». Il a lâché les chevaux de sa verve instrumentale, plus obsessionnel que jamais dans l’arrangement, plus jazz et nerveux dans l’exécution, ne reculant devant aucun effet dramatique pour saisir nos perceptions. Surtout, il est allé puiser dans ses propres souvenirs et trous de mémoires (« La pantoufle dans le puits », « La soupe à la grolle », « les groseilles au fond du jardin ») pour en faire matière à suspense, à fiction, à interprétations. Construit comme un film imaginaire où les genres se percutent d’une scène à l’autre (polar, romance, comédie, érotisme, slasher, tout y passe), La Pantoufle puise dans les joies et terreurs de l’enfance pour mieux les réenchanter. C’est ainsi que Forever Pavot assume son rôle de « Père », posant les fondations d’un avenir radieux.